à propos de Nicolas

Passionné d'écologie et de solutions naturelles, Nicolas a été le fondateur de la Compagnie du Bicarbonate et a rédigé deux ouvrages chez l'éditeur Eyrolles sur le bicarbonate et le chlorure de magnésium. Il essaie de mettre à la portée de tous une information claire et objective contribuant à la préservation de la santé et de l'environnement.

Le magnésium et l’agriculture moderne

Incidence des pratiques de l’agriculture moderne sur la teneur en magnésium du sol et des aliments.

Agriculture moderne et magnésium

Les céréales modernes nécessitent des apports réguliers de magnésium pour éviter les carences.

Comme on l’a vu, le magnésium est un élément nécessaire au maintien de toutes les formes de vie, y compris celle des végétaux. Dans la mesure où notre corps n’est pas en mesure de générer son propre magnésium, il dépend des apports extérieurs, et en premier lieu de ceux qui nous viennent du sol par l’intermédiaire des végétaux que nous consommons. Et c’est là que le bât blesse.
Une étude réalisée en Égypte dans les années 1930 par le scientifique français M. Schrumpf-Pierron mit en évidence que les agriculteurs, qui se nourrissaient de maïs, de blé, de riz, de fèves, de lentilles et d’oignons (tous ces produits étant évidemment non raffinés) cultivés sur les limons du Nil très riches en magnésium absorbaient des doses quotidiennes de magnésium de 1 000 à 2 000 mg. Ces populations locales jouissaient d’une santé exceptionnelle jusqu’à des âges très avancés, avec une incidence de maladies infectieuses et dégénératives quasi nulle. Les sols égyptiens présentent des teneurs en magnésium typiquement dix fois plus élevées que les terres européennes. La consommation de magnésium des égyptiens en provenance du sol résultait d’ailleurs à la fois des aliments cultivés localement, de l’eau chargée des sels minéraux du sous-sol et du sel fortement minéralisé extrait des exploitations de la région. La création du lac Nasser avec la construction du barrage d’Assouan (achevé en 1970), en amont de la partie égyptienne du Nil, a rendu les crues du fleuve presque inexistantes. Et c’était par elles que les riches limons se déposaient sur les zones cultivées, en y apportant les matières nutritives organiques et minérales nécessaires à la croissance harmonieuse des cultures. Les agriculteurs compensent aujourd’hui par des apports chimiques, mais il y a fort à parier que « l’avantage magnésium » des Égyptiens a déjà dû se réduire considérablement et qu’il risque de disparaître, à terme, purement et simplement.
Les exigences de rendement de l’agriculture moderne ont profondément modifié la façon dont l’homme interagit avec la terre. La rotation plus rapide des cultures (il n’est pas rare aujourd’hui de récolter deux fois par an sur une même parcelle) et le labour profond entraînent d’une part des prélèvements beaucoup plus importants et d’autre part une perte d’éléments nutritifs par lessivage dû aux pluies (encore plus lorsqu’elles sont acides) et à l’arrosage (même si le magnésium est relativement peu sensible au lessivage). Or, pour les cultures dont l’objectif est de produire un maximum de biomasse, le magnésium joue un rôle important. C’est l’atome central de la molécule de chlorophylle, et il remplit de multiples fonctions dans la production et le stockage des produits de la photosynthèse. Ce n’est qu’avec une disponibilité suffisante en magnésium que la plante peut produire et stocker une quantité maximale d’énergie – soit sous forme d’huile, soit sous forme d’hydrates de carbone tels que sucre, amidon ou cellulose. De toutes les cultures, ce sont la betterave à sucre, la betterave fourragère et le maïs qui absorbent le plus de magnésium. L’agriculteur apporte donc du magnésium sous forme d’engrais chimique (souvent en association avec du potassium, dans un rapport entre l’un et l’autre qui doit rester maîtrisé), apport essentiel dans la mesure où un déficit en magnésium limite la croissance et la qualité des cultures. La question que l’on peut néanmoins se poser réside dans la teneur en magnésium des végétaux produits à ce rythme et avec ces intrants chimiques, comparée à ce qu’elle était avec des végétaux poussant plus lentement et plus naturellement sur un sol auquel la jachère et les labours moins profonds et moins systématiques laissaient le temps de se régénérer. Les quelques études réalisées à ce jour n’ont pas mis en évidence de différence significative de teneur en magnésium en fonction du mode de culture pour les céréales et pour la majorité des fruits et légumes (à la différence des antioxydants qui seraient 40 % plus élevés en moyenne dans les fruits et légumes biologiques). Source : Commission européenne, Projet Qlif (Quality Low Input Food), http://www.qlif.org. Quoi qu’il en soit, il faut souligner que la source la plus naturelle de minéraux reste encore les fruits et légumes, qu’ils soient produits selon les règles de l’agriculture biologique ou non. Et c’est en en consommant la variété la plus large et le plus souvent possible qu’on préviendra les carences, y compris celle en magnésium.

Les grandes figures historiques du chlorure de magnésium: Pierre Delbet, Auguste Neveu, M.L. Robinet et Martin du Theil

Les grandes figures du chlorure de magnésium

Pierre Delbet

Pierre Delbet, professeur de médecine et père de l’utilisation thérapeutique du chlorure de magnésium.

Au niveau français, quelques personnages de premier ordre ont contribué à établir l’intérêt du chlorure de magnésium pour la santé.

Le précurseur : le professeur Pierre Delbet

Le professeur Pierre Delbet (1861-1957) passe sa thèse en 1889 et obtient son agrégation en 1892, puis il devient chirurgien des hôpitaux l’année suivante et professeur en 1909, à 48 ans. Sa carrière a été parmi les plus brillantes de sa génération, puisqu’il a été successivement interne des hôpitaux, chef de clinique, agrégé de la Faculté, puis chirurgien des hôpitaux, lauréat à plusieurs reprises de la Faculté de médecine et de l’Académie de médecine, ainsi qu’auteur de nombreuses publications dont la rigueur scientifique n’a jamais remis son autorité en question. Même si les faits remontent à près d’un siècle, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un quelconque illuminé ou d’un charlatan, mais bien d’un scientifique et d’un praticien éminemment respectable. Très tôt, il réfléchit à la toxicité des antiseptiques locaux sur les tissus et fait part de ses doutes sur leur efficacité systématique : « Si ces cellules, raisonne-t-il en parlant des cellules qui constituent nos tissus, sont sensibles aux antiseptiques, le lavage des plaies, en les détruisant, diminue la résistance à l’infection. Si elles sont plus sensibles que les microbes, si proportionnellement elles succombent en plus grand nombre que les agents pathogènes, les antiseptiques, au lieu de diminuer l’infection, peuvent l’augmenter. »
Il précise d’autre part : « Je rêvais d’augmenter la résistance des cellules pour qu’elles puissent triompher des microbes. » Par une expérimentation menée en 1891, il démontre que l’utilisation des antiseptiques sur le péritoine peut même favoriser l’infection. L’antisepsie cible les microbes, mais affaiblit, voire détruit, les cellules qui sont censées les combattre et peut être contre-productive. Le professeur Delbet remarque que l’activité phagocytaire (la phagocytose est l’action d’absorption des microbes par les globules blancs qui défendent notre organisme) peut être très dépendante de la présence de certaines substances dans le milieu. Il découvre ainsi que le chlorure de magnésium à 12,1 ‰ (pour mille) augmente la phagocytose de 75 %, et l’utilise très largement pour laver les plaies et en imprègne les pansements qu’il applique par la suite.
Ses recherches se poursuivent ensuite sur l’activité des globules blancs en circulation dans le sang de l’organisme. Elles permettent d’établir que leur activité phagocytaire peut être augmentée de 129 % dans certains cas, et même jusqu’à 333 % par des injections de chlorure de magnésium ! Ces essais établissent d’autre part le fait que cet apport de chlorure de magnésium n’entraîne aucune intoxication de l’organisme.
Ces résultats spectaculaires l’amènent à présenter deux communications à l’Académie des sciences et à l’Académie de médecine, ainsi qu’à publier un imposant volume intitulé Biologie de la plaie de guerre en 1918.
Mais il semble que le chlorure de magnésium n’agit pas seulement sur le système immunitaire mais aussi sur l’humeur générale, qui conditionne comme on sait aussi la résistance de l’organisme. À ce sujet, le professeur Delbet relate une étape importante de son parcours de chercheur et de praticien :
« Pendant cette période, le chlorure de magnésium s’administrait uniquement en intraveineuse. J’avais dans mon service de l’hôpital Necker un blessé dont l’état était grave et qui refusait les injections.
Je dis un matin : “Essayons de lui donner la solution par voie buccale.”
À ce mot, la surveillante, Mme Boivin, et deux infirmières esquissèrent un sourire.
“Pourquoi riez-vous ?”
“Nous en prenons toutes”, répondit Mme Boivin.
“Et pourquoi ?”
“Ça nous donne du cœur à l’ouvrage !”
“Qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’en prendre ?”
“Nous avons remarqué que les malades à qui on en injectait éprouvaient une sorte de bien-être. Alors nous avons essayé d’en boire et ça nous a produit le même effet.”
C’est à ce hasard qu’est due l’extension de la méthode cytophylactique. Cette solution que l’on appelait “ma drogue”, j’en administrai à tous les blessés de mon service, j’en pris moi-même et j’en fis prendre à tous ceux qui me sont chers. Les surveillantes et infirmières, enchantées de la sensation d’euphorie, d’énergie, de résistance à la fatigue qu’elles éprouvaient, firent de la propagande.
Très vite, un grand nombre de personnes prirent régulièrement “ma drogue”, et je récoltai une ample moisson de faits à quoi je ne m’attendais guère et qui m’ont inspiré de nouvelles recherches.
Cette méthode a pour but d’exalter la vitalité des cellules, je l’ai appelée “cytophylactique”. Le mot cytophylactique veut dire “protection des cellules”. »
Il précise d’ailleurs que ce terme est assez mal choisi, puisqu’il s’agit davantage d’une exaltation et d’un renforcement des cellules que d’une protection directe. Même si ce terme de « drogue » peut paraître maladroit, l’ingestion de solution de chlorure de magnésium s’impose rapidement comme une solution simple, efficace et sans danger pour augmenter la résistance de l’organisme et la stabilité émotionnelle face aux agressions extérieures.
Par la suite, le professeur Delbet est amené, notamment en consultant les travaux de Victor Grignard (Prix Nobel de physique 1912), à ajouter au chlorure de faibles quantités d’autres sels halogénés de magnésium (bromure, iodure et fluorure). Il créé également une crème contenant les mêmes éléments pour application cutanée. Pour plus de détails, voir le paragraphe « Delbiase (et Cytodelbiase) » .
Les convictions du professeur Delbet sur la puissance du chlorure de magnésium progressent encore lorsqu’il constate que la prise régulière de Delbiase lui permet de voir régresser, puis disparaître définitivement, des lésions qualifiées de « précancéreuses » sur l’une de ses oreilles, dont il s’était déjà fait opérer trois fois sans succès (les lésions étaient réapparues après chaque opération). Il insiste également sur le fait que le magnésium seul ne peut expliquer ces résultats, puisqu’il avait testé auparavant la prise de magnésie (carbonate double de magnésium et de calcium) sans résultat. Le chlorure de magnésium associé à d’autres sels halogénés (bromure, iodure, fluorure) semblait donc bien la meilleure combinaison pour permettre au magnésium de délivrer à l’organisme toute son efficacité. À partir de 1928, ses recherches se concentreront sur les effets de la Delbiase et non plus sur le chlorure de magnésium seul.

Un disciple éclairé : le docteur Auguste Neveu

Un médecin généraliste œuvrant sur le terrain découvre dès 1932 les travaux du professeur Delbet et commence par tester sa méthode cytophylactique sur les animaux (chacun sait que les médecins de campagne étaient autrefois souvent amenés à intervenir également comme vétérinaires). Il administre du chlorure de magnésium à un veau de trois mois atteint de fièvre aphteuse, ainsi qu’à un jeune chien souffrant de la maladie de Carré (qui est qualifiée de « poliomyélite du chien »). Les résultats sont tels qu’il multiplie les traitements sur les animaux, puis sur ses jeunes patients atteints de poliomyélite et de diphtérie. Il administre du chlorure de magnésium à d’autres patients souffrant de pathologies très diverses : coqueluche, pleurésie, bronchite, emphysème, et surtout lors de la terrible grippe de l’année 1935 qui s’est compliquée pour de nombreux patients en broncho-pneumonie grippale. Toutes les personnes traitées se remettent rapidement sans complication. Le rétablissement des patients est évidemment d’autant plus rapide que l’administration du chlorure de magnésium est précoce, surtout dans le cas des maladies entraînant des paralysies comme la poliomyélite. Le docteur Neveu présente ses observations à l’occasion de plusieurs communications lors des Journées thérapeutiques de Paris en 1947. La première s’intitule « Traitement cytophylactique de quelques maladies infectieuses de l’homme et du bétail par le chlorure de magnésium » et la seconde « Les propriétés pharmacodynamiques et thérapeutiques du magnésium ».

Travaux du scientifique M. L. Robinet

M. L. Robinet a mis en évidence une corrélation étroite entre la présence de magnésium dans le sol et le taux de suicide local, en montrant que les cartes se superposent de façon saisissante. Une carte des années 1990 montre que le taux de suicide est effectivement sensiblement plus élevé en Bretagne (Finistère en particulier) et dans une large partie nord-ouest du pays, avec un taux également élevé sur la région Centre, où la concentration des sols en magnésium est faible. La corrélation avec la présence de magnésium dans le sous-sol est cependant difficile à établir de nos jours, dans la mesure où la consommation des produits locaux, et dans une moindre mesure des eaux potables locales, est de moins en moins systématique. La corrélation est beaucoup plus nette sur le facteur rural/urbain, particulièrement frappante pour Paris et sa région, où l’on se suicide en proportion trois fois moins qu’en Bretagne… Une corrélation du même ordre avait visiblement été établie entre le magnésium et l’occurrence des cancers, mais ce raisonnement peut aujourd’hui susciter les mêmes réserves puisqu’on consomme aujourd’hui peu de produits vraiment locaux.

Le docteur Martin du Theil

« La défense par le système nerveux », ouvrage du docteur Martin du Theil

Enfin, il ne faut pas oublier les travaux moins célèbres mais tout aussi intéressants du docteur Martin du Theil et son ouvrage La Défense par le système nerveux publié en 1935, et basé lui aussi sur la conviction que « Le microbe n’est rien, le terrain est tout » (citation attribuée à Claude Bernard). Le docteur Martin du Theil mentionne lui aussi le chlorure de magnésium comme le stimulant le plus puissant des défenses immunitaires, mais propose de le synthétiser dans l’estomac via l’hydroxyde de magnésium plutôt que de l’ingérer tel quel. En réagissant avec l’acide chlorhydrique de l’estomac, cet hydroxyde de magnésium produit affectivement du chlorure de magnésium selon la réaction : Mg(OH)2 + 2 HCl  MgCl2 + 2 H2O. Partant du principe qu’une substance produite in situ est plus efficace sur l’organisme que la même substance provenant de l’extérieur, le docteur Martin du Theil a promu son invention sous le nom de Chlorumagène, qui est aujourd’hui vendu comme médicament (voir paragraphe « Chlorumagène » ). Ses convictions étaient telles qu’il a affecté une partie de son héritage à la réédition de son livre jusqu’à épuisement des sommes prévues…

le magnésium naturel

Le magnésium dans la nature

Le magnésium est présent naturellement dans la mer

Le magnésium est présent naturellement dans l’eau de mer

Le magnésium a été découvert en 1755 à Édimbourg (Écosse) par Joseph Black et isolé pour la première fois en 1808 par un Anglais, sir Humphrey Davy, ainsi d’ailleurs que le potassium, le sodium et le calcium, par la décomposition électrochimique des terres au moyen de sa «pile galvanique».

Le magnésium dans le sol

Le magnésium est naturellement présent dans le sol sous la forme de chlorure, de carbonate et d’oxyde. C’est le huitième élément en termes de présence dans la croûte terrestre et le cinquième métal après l’aluminium, le fer, le calcium et le sodium. En fonction de la présence plus ou moins importante des molécules qui véhiculent le magnésium, les ions magnésium Mg2+ sont absorbés en quantités plus ou moins importantes par les végétaux, dont se nourrit le bétail et dont nous nous nourrissons également. Par conséquent, les populations qui consomment les animaux élevés localement et les céréales, les fruits et les légumes cultivés sur place, absorberont des doses de magnésium proportionnelles à la présence de magnésium dans le sol. Aujourd’hui, même dans le cas de sols naturellement riches en magnésium, les pratiques d’agriculture intensive ont fait baisser sa teneur dans des proportions très importantes. En effet, les prélèvements directs par les récoltes plus importantes (le rendement est passé pour le blé de 20 quintaux par hectare à plus de 100 quintaux dans de nombreuses régions), ainsi que le lessivage des sols par l’arrosage imposent des rééquilibrages permanents par l’apport d’engrais. Le déséquilibre des sols cultivés et la nécessité de les supplémenter en magnésium se retrouve finalement très logiquement sur les animaux et les hommes qui en tirent leur subsistance…

Le teneur naturelle du sol en magnésium peut être très variable d’un lieu à un autre. Ainsi, certaines régions d’Égypte et de Tunisie possèdent des sols naturellement très riches en magnésium. Comme on le verra plus loin, une corrélation très nette a été établie entre la teneur en magnésium des sols cultivés et la manifestation de pathologies lourdes, au premier rang desquelles le cancer. Cette corrélation, établie par des travaux datant des années 1920, serait probablement beaucoup moins marquée aujourd’hui, puisque la proportion des denrées locales que nous absorbons est devenue beaucoup plus faible. Il n’en reste pas moins que la mondialisation, qui a effectivement entraîné un brassage sans précédent des matières premières agricoles, a aussi occasionné une standardisation des modes de culture intensive, et donc une généralisation de l’appauvrissement des sols, ainsi qu’une standardisation des modes de traitement des aliments (et en particulier le blutage des farines et le raffinage du sel et du sucre). À tel point que, même pour un individu vivant dans une région dont le sol est resté très riche en magnésium, la carence n’est pas du tout exclue, à moins qu’il ne cultive ses propres aliments ou se les procure localement.

La vie végétale, la chlorophylle et la photosynthèse: impossibles sans le magnésium.

La chlorophylle est parfois qualifiée de « sang végétal », il faut reconnaître que les similitudes sont surprenantes : la molécule d’hémoglobine, comme celle de la chlorophylle (ou plutôt des chlorophylles, car il en existe quatre variétés principales), est liée à des atomes d’azote, eux-mêmes en liaison plus ou moins directe avec des atomes de carbone, d’hydrogène et d’oxygène. Les structures de la chlorophylle et de l’hémoglobine paraissent étonnamment voisines. Ce qui les distingue avant tout, c’est leur centre : un atome de fer tétravalent pour l’hémoglobine, un atome de magnésium bivalent pour la chlorophylle.

Ainsi, le magnésium est aussi indispensable à la plante que le fer l’est pour nous… sans magnésium, la plante ne peut pas assurer le stockage d’énergie via le glucose synthétisé à partie du dioxyde de carbone et de l’eau. Elle ne peut pas non plus assurer la production d’oxygène. Autant dire que la photosynthèse serait impossible sans magnésium. Sans photosynthèse, pas de transformation de l’énergie lumineuse (ou plutôt électromagnétique) en énergie chimique, et donc pas de possibilité pour nous de nous réapproprier cette énergie via l’alimentation. Pas de respiration animale possible non plus. L’intérêt du magnésium n’a sans doute pas besoin de beaucoup plus d’argumentation…

D’ailleurs, comme un individu carencé en fer, un végétal qui manque de magnésium dépérit rapidement : retard de croissance, jaunissement, taches sur les feuilles, affaiblissement des mécanismes de reproduction, bref ! disparition pure et simple à plus ou moins court terme. Comme quoi, les traditionnels « N, P, K » (azote, phosphore et potassium) sont loin d’être suffisants… Là aussi, sans magnésium, point de salut !

Sur le plan pratique, les végétaux les plus riches en magnésium sont les algues, dont les couleurs varient du vert le plus vif au brun le plus sombre en fonction de leur teneur et de la variété de leur chlorophylle. Pour ceux qui cherchent une sources naturelle de magnésium alimentaire, les algues comestibles peuvent être une excellente solution (lire à ce sujet le livre de Régine Quéva Les Algues, éditions Marabout, collection « Les actifs bio »).

Le magnésium et la mer

Le magnésium est le troisième composant des sels dissous dans l’eau de mer. En eau de mer, la concentration en magnésium est de environ 53 mmol/l (53 millimoles par litre, soit environ 1 300 mg/l). Seul le sodium (469 mmol/l soit 10,8 g/l) et le chlorure (546 mmol/l soit 19,35 g/l) y sont présents à une concentration plus élevée ; on trouve aussi, juste derrière le magnésium, les sulfates (28 mmol/l). Le magnésium est environ cinq fois plus abondant que le calcium (10 mmol/l). Le magnésium présent dans l’eau de mer est déterminant pour l’équilibre global de sa faune et sa flore, dans la mesure où il est nécessaire à la croissance des algues et à la fixation du calcium pour la constitution des squelettes, des coquilles et des coraux.

À notre niveau, on devine donc que le sel de mer doit représenter une source de magnésium intéressante. Comme on le sait, le sel que nous consommons ne provient que rarement directement de la mer, plus souvent d’exploitations minières qui le remontent du sous-sol sous forme de saumure (eau saturée en chlorure de sodium – de l’ordre de 300 g/l) en provenance de gisements appelés évaporites, pour le recristalliser par la suite. Et même si ces sels géologiques sont initialement d’origine marine (on sait que la mer était autrefois présente partout ou presque), leur composition peut être très variable, de même leur taux de magnésium. De plus, l’opération de recristallisation de la saumure s’accompagne d’une purification ou d’un raffinage après lesquels il ne subsiste plus du sel que le chlorure de sodium, dont on connaît les effets délétères sur la santé lorsqu’il est consommé en quantités trop importantes. Le seul intérêt de cette intervention humaine sur la substance naturelle peut éventuellement être l’adjonction de petites quantités d’iode et de fluor, dont les carences peuvent être graves.

Le magnésium : indispensable à la vie en général, et à la nôtre en particulier

L’ion magnésium Mg2+ est en proportion le deuxième ion le plus présent dans les cellules après le potassium. Il intervient dans plus de 300 réactions métaboliques, souvent en association avec le calcium, le sodium et le potassium, avec lesquels il doit rester en équilibre dans l’organisme. On entend aujourd’hui surtout parler du magnésium pour son rôle déterminant dans l’équilibre nerveux, mais son action va bien au-delà, et il est également indispensable aux mécanismes métaboliques suivants :

– il est nécessaire au fonctionnement harmonieux des cellules ;

– il participe à la transformation des glucides et des lipides ;

– il est nécessaire à la synthèse des protéines ;

– il améliore le fonctionnement des messagers chimiques cérébraux ;

– il favorise la croissance, la mémoire, le transit intestinal, les défenses immunitaires, la solidité des dents et des os.