Remarque préliminaire : l’eau de dilution a son importance, car c’est celle que vous allez boire ! Si elle est de bonne qualité (et c’est généralement le cas), utilisez votre eau du robinet. Si vous préférez utiliser une eau de source ou minérale, choisissez-la de préférence peu minéralisée (celles qui peuvent servir à la préparation des biberons conviennent parfaitement). Après dilution, la solution de chlorure de magnésium se conserve correctement à température ambiante, mais la mettre au réfrigérateur est encore mieux. Chlorure de magnésium en sachet : contenu du sachet (20 g) à dissoudre dans 1 litre d’eau. Nigari : 2 cuillerées à soupe rases à diluer dans 1 litre d’eau.
Conservation : nous ne disposons pas de tests bactériologiques sur les solutions de chlorure de magnésium, il est donc difficile de préciser une durée limite de consommation, mais il semble que la présence de ce sel dans l’eau à hauteur de 20 g/l limite, voire bloque, le développement des bactéries et des moisissures. Une solution de chlorure de magnésium à 20 g/l se conserve visiblement parfaitement à température ambiante (20 °C), ou, encore mieux, dans un réfrigérateur. La pureté de l’eau de dilution d’origine et la propreté du contenant sont cependant déterminantes pour un maximum de sécurité sanitaire.
Ces préparations peuvent être bues (usage interne), et utilisée en usage externe sur des compresses par exemple, mais également en bains de bouche ou en gargarismes. Elles ne devront en aucun cas être utilisées pour des lavements ou en injections intraveineuses (risques graves de surdosage).
Le goût du chlorure de magnésium est souvent décrit comme très désagréable. Il faut bien reconnaître que ce n’est pas « complètement » faux… on s’y habitue vite, mais quelques astuces peuvent être utiles pour atténuer le goût amer du chlorure de magnésium, notamment lorsque l’on veut le faire ingérer aux enfants !
Mettre la bouteille au réfrigérateur. Le froid limite l’expression de la saveur amère.
Mélanger avec du jus de fruit. Le jus de carotte se marie bien avec l’amer du chlorure de magnésium et apporte des vitamines du groupe B, en particulier la vitamine B6 qui favorise l’assimilation du magnésium. C’est tout bénéfice ! Les autres jus de fruits feront aussi l’affaire, mais il est déconseillé de diluer le chlorure de magnésium en poudre ou le nigari directement dans les jus de fruits comme on le fait avec de l’eau, pour le conserver ensuite. La dilution dans les jus de fruits doit se faire au dernier moment, ou tout simplement en mélangeant la préparation de chlorure de magnésium liquide au jus de fruit.
Ajouter un peu de jus de citron, l’acidité combattant l’amertume.
Boire 1 verre d’eau ou de jus de fruit immédiatement après… heureusement le goût du chlorure de magnésium est prononcé mais pas persistant !
Comme on l’a vu, le magnésium ne peut être obtenu que par un apport extérieur, qu’il s’agisse de l’alimentation au sens large (c’est-à-dire incluant aussi toutes les boissons dont l’eau) ou de compléments alimentaires ou médicaments. L’assimilation du magnésium se fera d’autant mieux que l’apport se répartira tout au long de la journée, d’où l’intérêt de répartir les sources alimentaires de magnésium sur plusieurs repas (idéalement, prévoir une ou plusieurs sources de magnésium à chaque repas, qu’il s’agisse d’eau ou d’aliments solides). L’eau riche en magnésium peut utilement être absorbée en dehors des repas, ce qui aura également comme avantage, en plus d’une absorption optimisée du magnésium, de maintenir un degré stable d’hydratation de l’organisme.
L’eau
L’eau peut pénétrer dans le corps par la boisson mais aussi par le bain. Les bains de mer et le thermalisme peuvent apporter du magnésium par voir cutanée.
L’eau de boisson.
Teneurs en magnésium de quelques eaux minérales
L’eau de boisson peut être apportée par les adductions d’eau potable locales ou bien par l’eau de source ou l’eau minérale en bouteilles.
L’eau « du robinet » ou « eau de conduite » varie beaucoup dans sa composition en fonction de la nature du sous-sol, et donc de la région, mais aussi en fonction des traitements qu’elle subit. Les eaux déminéralisées, comme leur nom l’indique, ont perdu tout ou partie de leur minéraux et sont impropres à la consommation. Les eaux « adoucies » au moyen de dispositifs à résines échangeuses d’ions sont à proscrire également, car elles substituent le calcium et le magnésium à du sodium, que l’on ingère déjà généralement en quantités trop importantes. Il est possible de régler l’adoucisseur plus ou moins fort, afin de ne pas supprimer tous les sels minéraux, dont ceux composés de magnésium.
Quoi qu’il en soit, l’eau de boisson peut contribuer de façon significative à l’apport de magnésium, jusqu’à 30 % dans le cas d’eaux de conduite dites dures c’est-à-dire fortement chargées en calcium et en magnésium. Des études ont été jusqu’à mettre en évidence une corrélation entre les taux de décès par crise cardiaque et la dureté de l’eau sur des aires géographiques déterminées (aux États-Unis en particulier, voir l’ouvrage The Magnesium Factor de Mildred S. Seelig et Andrea Rosanoff). Un autre facteur plus subtil qui devrait être pris en considération est le ratio calcium/magnésium, qui doit rester de l’ordre de 2 dans l’apport nutritionnel total, et que l’eau ne doit pas contribuer à trop déséquilibrer. L’Union européenne (UE) a établi une directive stipulant un niveau minimal de calcium de 100 mg/l et sans valeur maximale. L’UE recommande un niveau de magnésium de 30 mg/l, avec un niveau maximal acceptable de 50 mg/l, qui est sûrement lié à l’effet puissant du magnésium sur la dureté de l’eau. Si l’on se réfère aux recommandations de l’UE, le ratio sera donc en moyenne largement supérieur. Mais les réalités locales peuvent être très différentes d’un point à un autre, et il peut être utile d’interroger l’entreprise privée ou le syndicat intercommunal qui assure votre approvisionnement en eau.
La composition des eaux de source et des eaux minérales peut varier dans des proportions très importantes. Le tableau suivant vous donnera le taux de magnésium annoncé par quelques-unes d’entre elles.
Teneur en magnésium de quelques eaux minérales
En allant au-delà des teneurs en magnésium, on constate que Contrex, Hépar et Saint Antonin ont des ratios calcium/magnésium beaucoup trop favorables au calcium. Rozana, Arvie et dans une moindre mesure Quézac et Badoit sont mieux équilibrées sur ce plan. Mais cette analyse ne prend en compte que l’aspect magnésium et le ratio calcium/magnésium, vous pourrez rechercher dans ces eaux d’autres sels (en particulier les bicarbonates et le potassium) qui ne figurent pas dans cette analyse.
En allant au-delà des teneurs en magnésium, on constate que Contrex et Hépar ont des ratios calcium/magnésium beaucoup trop favorables au calcium. Rozana, Arvie et dans une moindre mesure Quézac sont mieux équilibrées sur ce plan. Mais cette analyse ne prend en compte que l’aspect magnésium, et vous pourrez rechercher dans ces eaux d’autres sels (en particulier les bicarbonates et le potassium) qui ne figurent pas dans cette analyse.
Le thermalisme et la thalassothérapie
Dans le cadre du thermalisme, de la balnéothérapie et de la thalassothérapie, les doses reçues sont évidemment extrêmement difficiles à évaluer.
Dans le domaine du thermalisme, on peut citer la station de Châtel-Guyon, située aux portes du parc naturel régional des Volcans d’Auvergne, et qui doit sa notoriété actuelle à ses sources d’eaux thermales, très riches en magnésium et recommandées pour le traitement des affections digestives, urinaires et rhumatismales.
En ce qui concerne la thalassothérapie, l’argument du magnésium est plus systématique, dans la mesure où c’est le troisième minéral en termes de concentration dans l’eau de mer avec 1 300-1 500 mg/l en moyenne. La mer Morte fait figure de championne toutes catégories dans ce domaine avec une concentration en magnésium de l’ordre de 42 g/l. Les cures de bains de sels de la mer Morte sont recommandées pour certaines affections dermatologiques comme le psoriasis. Pour bénéficier de concentrations plus élevées en sels minéraux, et en particulier en magnésium, il existe des boues et des algues marines à s’appliquer ou se faire appliquer sur la peau.
Les aliments
Le sel
Seul le sel de mer (fleur de sel) et le sel gemme non raffinés ont conservé une part non négligeable de magnésium. Le sel d’origine géologique, puisé dans le sous-sol après avoir été dilué, est ensuite purifié et recristallisé. Il n’en subsiste plus que le chlorure de sodium, auquel on ajoute souvent de l’iode et du fluor, dont la population a été déclarée officiellement carencée par les pouvoirs publics. Pour augmenter sa consommation de magnésium, on préférera les sels non raffinés, ou sels « gris », comme le sel de Guérande ou la fleur de sel, plus fins de consistance et de goût. Par exemple, on peut citer le cahier des charges de Nature et Progrès pour le sel de table naturel, qui impose un taux minimal de magnésium de 0,3 % soit 300 mg pour 100 g. Ainsi 4 g par jour de ce sel apporteront au minimum 12 mg de magnésium, et 8 g (dose maximale conseillée, sachant que nous sommes souvent au-dessus de 10 g) en apporteront 24.
Les produits de la mer
Certains produits de la mer sont fortement concentrés en magnésium, comme les fruits de mer. Les bigorneaux en contiennent plus de 400 mg pour 100 g, les pétoncles et crevettes entre 100 et 240 mg/100 g…
Les fruits et légumes
Les fruits et légumes sont la source de magnésium à favoriser parce que celui-ci est alors très assimilable et parce que ceux-là apportent de nombreux autres nutriments utiles et nécessaires. Leur teneur en magnésium est cependant très variable, et l’on pourra arbitrer en fonction de ce taux, sans oublier que l’ensemble doit rester équilibré. La baisse de consommation de certains légumes secs a été très préjudiciable, car ceux-ci ont une teneur en magnésium très appréciable : c’est le cas des haricots blanc et rouges, des lentilles, des fèves et des pois chiches. Ils apportent en plus des protéines végétales, d’autres sels minéraux, des glucides complexes très assimilables, et des fibres utiles au transit.
Les céréales et la farine
La farine et le pain constituent l’illustration la plus flagrante du déséquilibre progressif de notre alimentation en magnésium avec l’évolution des pratiques industrielles et de nos habitudes alimentaires. Pour qu’elle se conserve plus longtemps, et peut-être parce qu’elle flatte davantage le palais, le farine blanche raffinée s’est imposée dans presque tous les pains, les viennoiseries et les pâtisseries. Or, qu’est-ce qu’une farine raffinée ? C’est un grain dont il ne reste que l’« amande », et dont on a soustrait le germe et le son (enveloppe du grain), qui contiennent la quasi-totalité des vitamines, des oligoéléments et des sels minéraux, dont le magnésium.
Les caractéristiques des farines disponibles sont les suivantes :
Type de farine : plus le chiffre est bas, et plus la farine est « blanche » (raffinée).
Les « cendres » sont les matières minérales principalement contenues dans les sons, autrement dit les « débris », ou impuretés, des grains de blé.
Taux d’extraction : c’est la proportion de farine produite à partir d’un poids initial de blé. Si on a 100 kg de blé et qu’on obtient 75 kg de farine, le taux d’extraction est de 75 %.
Teneur en magnésium de la farine
Le son de blé contient 600 mg/100 g de magnésium et la farine complète 138 mg/100 g alors que la farine blanche à pâtisserie en contient 16 mg/100 g et la farine à pain 25 mg/100 g.
Le calcul est vite fait : dans les années 1960, la consommation de pain était en moyenne de 500 g/j et par personne pour une farine à 138 mg/100 g de magnésium, elle est aujourd’hui d’environ 100 g/jour pour une farine qui en contient 25 mg : 690 mg de magnésium par jour en 1960, 25 mg aujourd’hui, proviennent du pain…
Les autres aliments
Tableau de la teneur en magnésium des aliments
Tableau de la teneur en magnésium des aliments
Tableau de la teneur en magnésium des aliments
Tableau de la teneur en magnésium des aliments
Les apports artificiels : compléments alimentaires et médicaments
Les compléments alimentaires et les médicaments qui comprennent du magnésium sont innombrables. Ils véhiculent le magnésium par des molécules extrêmement diverses, et plus ou moins complexes :
magnésium pidolate ;
lactate de magnésium ;
carbonate de magnésium ;
chlorure de magnésium ;
hydrocarbonate de magnésium ;
hydroxyde de magnésium ;
magnésium aspartate ;
magnésium sulfate heptahydrate ;
magnésium glycérophosphate acide.
Les compléments alimentaires sont vendus indifféremment en grande surface, en parapharmacie et en pharmacie. Les médicaments en revanche ne sont distribués qu’en pharmacie.
On a vu que le chlorure de magnésium, sous sa forme la plus simple, représente une alternative tout à fait efficace et économique pour se supplémenter en magnésium. Seule sa forme liquide, pas forcément pratique, et les quantités relativement importantes qu’il faut en absorber peuvent éventuellement justifier le recours à des formes sèches (comprimés ou poudres).
Les compléments alimentaires
Les compléments alimentaires ne présentent pas d’avantages particuliers sur les médicaments. Ils sont régis par la réglementation sur les compléments alimentaires, moins rigoureuse que celle des médicaments. On constate généralement que leur formule est plus simple que celle des médicaments, et qu’ils recourent à des molécules moins complexes. Les compléments alimentaires ne sont pas remboursés.
Les médicaments
La réglementation sur les médicaments impose le recours à des matières premières de qualité pharmaceutique, plus pures et plus contrôlées que celles des compléments alimentaires (qui restent néanmoins eux aussi généralement très sûrs lorsqu’ils sont fabriqués en France et dans l’UE). Les formulations des médicaments apportant du magnésium sont plutôt plus complexes que celles des compléments alimentaires. Certains de ces médicaments sont encore remboursés à hauteur de 35 %, mais il est fortement question de les dérembourser.
Le nigari et le magnésium marin
Le nigari, extrait de l’eau de mer par évaporation, cristallisation en même temps que le chlorure de sodium (le sel de table), se présente sous forme de paillettes blanches et est composé de plus de 85 % de chlorure de magnésium, de sulfate de magnésium, de quelques autres sels et d’un peu d’humidité résiduelle. Il est parfois, par erreur, qualifié d’algue, mais il s’agit bien d’un minéral. Il vient du Japon, où il est utilisé en cuisine traditionnelle, notamment pour fabriquer le tofu en faisant cailler le lait de soja. Nigari en japonais signifie « amer ». Le nigari est généralement disponible dans les boutiques d’alimentation biologique, il revient moins cher que l’achat du chlorure de magnésium de synthèse et s’utilise presque de la même façon (voir chapitre « Le chlorure de magnésium pratique »). Le nigari est disponible très facilement sur Internet, mais il faudra veiller à la provenance sérieuse du produit afin d’éviter les éventuelles pollutions. La composition du nigari, produit d’origine naturelle, peut varier légèrement ; et il peut être à peine teinté en fonction de la région d’extraction.
Delbiase (et Cytodelbiase)
Delbiase est l’oeuvre du professeur Pierre Delbet, qui lui a transmis son nom. Pierre Delbet est le précurseur de l’utilisation du chlorure de magnésium en santé humaine. La formule originale de Delbiase comprenait majoritairement du chlorure de magnésium, suivi par du bromure de magnésium et, en très faibles quantités, de l’iodure et du fluorure de magnésium.
Delbiase a subi après sa mise sur le marché quelques modifications. En 1983, la formule a été simplifiée par la suppression de l’iodure et du fluorure de magnésium (visiblement, ces suppressions auraient été demandées par crainte de réactions allergiques). Disparu ensuite de la vente, Delbiase est réapparu en 2004 sur le marché et disponible en pharmacie. Il est maintenant commercialisé par le laboratoire CLS Pharma (8, rue du Bac, 92150 Suresnes – www.clspharma.fr). Delbiase se présente sous forme de 2 tubes de 24 comprimés de 100 mg de magnésium apportés par une combinaison de chlorure et de bromure de magnésium, et vendus entre 6 et 7 € TTC en pharmacie (2012). La prise de 3 comprimés par jour représente 300 mg, équivalents à 100 % des AJR (apports journaliers recommandés). Seul un adjuvant de compression, le stéarate de magnésium à 0,1 %, complète la formule.
La crème dermatologique Cytodelbiase a été mise au point par le professeur Delbet pour permettre un apport de magnésium plus aisé que par une compresse. Elle est aujourd’hui commercialisée, comme Delbiase, par le laboratoire CLS Pharma (voir ci-dessus), et le fabricant annonce l’avoir reformulée en y ajoutant « le minimum de conservateur nécessaire à maintenir sa propreté bactériologique ». Elle est présentée comme une crème de jour hydratante et apaisante, ou « cyto-baume » au magnésium. Elle est conditionnée dans un tube de 40 ml, et vendue sur le site du fabricant à 9 € TTC (2012).
On est sans doute malheureusement un peu loin de la formulation d’origine du professeur Delbet, et la multitude d’ingrédients complexes qui s’y est ajouté laisse un peu perplexe.
Chlorumagène
Chlorumagène est en fait de l’hydroxyde de magnésium ou Mg(OH)2 administré à l’origine sous forme de comprimé, qui réagit dans l’estomac avec l’acide chlorhydrique pour synthétiser du chlorure de magnésium, assimilable plus efficacement par l’organisme selon les théories du docteur Martin du Theil (La Défense par le système nerveux, 1933- 1935). Chlorumagène est aujourd’hui distribué par le laboratoire monégasque SERP (Laboratoire SERP, Immeuble Le Triton, 5, rue du Gabian, 98000 Monaco, www.serp. mc) et se présente sous forme d’une poudre conditionnée dans un barillet de plastique de 100 g. À noter que Chlorumagène, vendu comme laxatif, est un médicament.
Le magnésium est présent naturellement dans l’eau de mer
Le magnésium a été découvert en 1755 à Édimbourg (Écosse) par Joseph Black et isolé pour la première fois en 1808 par un Anglais, sir Humphrey Davy, ainsi d’ailleurs que le potassium, le sodium et le calcium, par la décomposition électrochimique des terres au moyen de sa «pile galvanique».
Le magnésium dans le sol
Le magnésium est naturellement présent dans le sol sous la forme de chlorure, de carbonate et d’oxyde. C’est le huitième élément en termes de présence dans la croûte terrestre et le cinquième métal après l’aluminium, le fer, le calcium et le sodium. En fonction de la présence plus ou moins importante des molécules qui véhiculent le magnésium, les ions magnésium Mg2+ sont absorbés en quantités plus ou moins importantes par les végétaux, dont se nourrit le bétail et dont nous nous nourrissons également. Par conséquent, les populations qui consomment les animaux élevés localement et les céréales, les fruits et les légumes cultivés sur place, absorberont des doses de magnésium proportionnelles à la présence de magnésium dans le sol. Aujourd’hui, même dans le cas de sols naturellement riches en magnésium, les pratiques d’agriculture intensive ont fait baisser sa teneur dans des proportions très importantes. En effet, les prélèvements directs par les récoltes plus importantes (le rendement est passé pour le blé de 20 quintaux par hectare à plus de 100 quintaux dans de nombreuses régions), ainsi que le lessivage des sols par l’arrosage imposent des rééquilibrages permanents par l’apport d’engrais. Le déséquilibre des sols cultivés et la nécessité de les supplémenter en magnésium se retrouve finalement très logiquement sur les animaux et les hommes qui en tirent leur subsistance…
Le teneur naturelle du sol en magnésium peut être très variable d’un lieu à un autre. Ainsi, certaines régions d’Égypte et de Tunisie possèdent des sols naturellement très riches en magnésium. Comme on le verra plus loin, une corrélation très nette a été établie entre la teneur en magnésium des sols cultivés et la manifestation de pathologies lourdes, au premier rang desquelles le cancer. Cette corrélation, établie par des travaux datant des années 1920, serait probablement beaucoup moins marquée aujourd’hui, puisque la proportion des denrées locales que nous absorbons est devenue beaucoup plus faible. Il n’en reste pas moins que la mondialisation, qui a effectivement entraîné un brassage sans précédent des matières premières agricoles, a aussi occasionné une standardisation des modes de culture intensive, et donc une généralisation de l’appauvrissement des sols, ainsi qu’une standardisation des modes de traitement des aliments (et en particulier le blutage des farines et le raffinage du sel et du sucre). À tel point que, même pour un individu vivant dans une région dont le sol est resté très riche en magnésium, la carence n’est pas du tout exclue, à moins qu’il ne cultive ses propres aliments ou se les procure localement.
La vie végétale, la chlorophylle et la photosynthèse: impossibles sans le magnésium.
La chlorophylle est parfois qualifiée de « sang végétal », il faut reconnaître que les similitudes sont surprenantes : la molécule d’hémoglobine, comme celle de la chlorophylle (ou plutôt des chlorophylles, car il en existe quatre variétés principales), est liée à des atomes d’azote, eux-mêmes en liaison plus ou moins directe avec des atomes de carbone, d’hydrogène et d’oxygène. Les structures de la chlorophylle et de l’hémoglobine paraissent étonnamment voisines. Ce qui les distingue avant tout, c’est leur centre : un atome de fer tétravalent pour l’hémoglobine, un atome de magnésium bivalent pour la chlorophylle.
Ainsi, le magnésium est aussi indispensable à la plante que le fer l’est pour nous… sans magnésium, la plante ne peut pas assurer le stockage d’énergie via le glucose synthétisé à partie du dioxyde de carbone et de l’eau. Elle ne peut pas non plus assurer la production d’oxygène. Autant dire que la photosynthèse serait impossible sans magnésium. Sans photosynthèse, pas de transformation de l’énergie lumineuse (ou plutôt électromagnétique) en énergie chimique, et donc pas de possibilité pour nous de nous réapproprier cette énergie via l’alimentation. Pas de respiration animale possible non plus. L’intérêt du magnésium n’a sans doute pas besoin de beaucoup plus d’argumentation…
D’ailleurs, comme un individu carencé en fer, un végétal qui manque de magnésium dépérit rapidement : retard de croissance, jaunissement, taches sur les feuilles, affaiblissement des mécanismes de reproduction, bref ! disparition pure et simple à plus ou moins court terme. Comme quoi, les traditionnels « N, P, K » (azote, phosphore et potassium) sont loin d’être suffisants… Là aussi, sans magnésium, point de salut !
Sur le plan pratique, les végétaux les plus riches en magnésium sont les algues, dont les couleurs varient du vert le plus vif au brun le plus sombre en fonction de leur teneur et de la variété de leur chlorophylle. Pour ceux qui cherchent une sources naturelle de magnésium alimentaire, les algues comestibles peuvent être une excellente solution (lire à ce sujet le livre de Régine Quéva Les Algues, éditions Marabout, collection « Les actifs bio »).
Le magnésium et la mer
Le magnésium est le troisième composant des sels dissous dans l’eau de mer. En eau de mer, la concentration en magnésium est de environ 53 mmol/l (53 millimoles par litre, soit environ 1 300 mg/l). Seul le sodium (469 mmol/l soit 10,8 g/l) et le chlorure (546 mmol/l soit 19,35 g/l) y sont présents à une concentration plus élevée ; on trouve aussi, juste derrière le magnésium, les sulfates (28 mmol/l). Le magnésium est environ cinq fois plus abondant que le calcium (10 mmol/l). Le magnésium présent dans l’eau de mer est déterminant pour l’équilibre global de sa faune et sa flore, dans la mesure où il est nécessaire à la croissance des algues et à la fixation du calcium pour la constitution des squelettes, des coquilles et des coraux.
À notre niveau, on devine donc que le sel de mer doit représenter une source de magnésium intéressante. Comme on le sait, le sel que nous consommons ne provient que rarement directement de la mer, plus souvent d’exploitations minières qui le remontent du sous-sol sous forme de saumure (eau saturée en chlorure de sodium – de l’ordre de 300 g/l) en provenance de gisements appelés évaporites, pour le recristalliser par la suite. Et même si ces sels géologiques sont initialement d’origine marine (on sait que la mer était autrefois présente partout ou presque), leur composition peut être très variable, de même leur taux de magnésium. De plus, l’opération de recristallisation de la saumure s’accompagne d’une purification ou d’un raffinage après lesquels il ne subsiste plus du sel que le chlorure de sodium, dont on connaît les effets délétères sur la santé lorsqu’il est consommé en quantités trop importantes. Le seul intérêt de cette intervention humaine sur la substance naturelle peut éventuellement être l’adjonction de petites quantités d’iode et de fluor, dont les carences peuvent être graves.
Le magnésium : indispensable à la vie en général, et à la nôtre en particulier
L’ion magnésium Mg2+ est en proportion le deuxième ion le plus présent dans les cellules après le potassium. Il intervient dans plus de 300 réactions métaboliques, souvent en association avec le calcium, le sodium et le potassium, avec lesquels il doit rester en équilibre dans l’organisme. On entend aujourd’hui surtout parler du magnésium pour son rôle déterminant dans l’équilibre nerveux, mais son action va bien au-delà, et il est également indispensable aux mécanismes métaboliques suivants :
– il est nécessaire au fonctionnement harmonieux des cellules ;
– il participe à la transformation des glucides et des lipides ;
– il est nécessaire à la synthèse des protéines ;
– il améliore le fonctionnement des messagers chimiques cérébraux ;
– il favorise la croissance, la mémoire, le transit intestinal, les défenses immunitaires, la solidité des dents et des os.
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.J'accepteNonEn savoir plus